Informations générales

Informer le patient

Le patient doit être informé à toutes les phases de la prise en charge dans le cadre de la chirurgie bariatrique qui est un traitement de deuxième intention.

L’information doit porter principalement sur :

  • La nécessité préalable d’un suivi pluridisciplinaire (médical et diététique et psychologique et la reprise d’une activité physique adaptée) bien conduit, d’au moins 1 an (ce qui est différent de la succession de régimes restrictifs) afin de comprendre les déterminants de la prise de poids importante et de modifier durablement les comportements alimentaires délétères qui risquent de mettre en échec la chirurgie à court ou moyen terme (pas de perte ou reprise de poids) ou de conduire à des complications potentiellement sévères à moyen ou long terme (carentielles, dénutrition, neuropathies centrales ou périphériques, anémies sévères, scorbut, déchaussement dentaire, fausses-couches à répétition, vomissements, EBO…)
  • Les différentes techniques chirurgicales : leur principe, leurs bénéfices respectifs, leurs risques et inconvénients respectifs, les limites de la chirurgie ;
  • La nécessité d’un suivi médico-chirurgical et vitaminique la vie durant et les conséquences potentiellement graves de l’absence de suivi ;
  • La possibilité de recours à la chirurgie réparatrice après la chirurgie bariatrique.

Il est nécessaire de s’assurer que le patient a bien compris ces informations.

La chirurgie doit être pratiquée dans un centre expérimenté qui respecte les recommandations de la HAS avec une attention particulière sur 3 points :

  • proposer une préparation concrète à la chirurgie avec une réelle évaluation et un suivi médical, diététique et psychologique prolongé (pas se limiter à de simples consultations de non contre-indication!)
  • discuter en RCP présentielle de la décision chirurgicale
  • proposer un réel suivi post-opératoire prolongé (médical, biologique, diététique et psychologique)

Le suivi post-opératoire a un coût pour votre patient, en effet, les supplémentations vitaminiques ne sont pas remboursées par la sécurité sociale (coût moyen entre 10 et 30€ par mois), ainsi que certains prélèvements sanguins (vitamine D, vitamine C, etc…).

Voici le lien vers les dernières recommandations de la Haute Autorité de Santé en matière de chirurgie bariatrique : cliquez ici.

Les différentes techniques chirurgicales

Si la sleeve et le by-pass sont respectivement les plus pratiqués, le choix de la technique, qui dépend de l’expérience de l’équipe chirurgicale et de la situation du patient, doit être discuté en RCP.

La gastrectomie longitudinale ou sleeve gastrectomie : technique restrictive qui consiste à retirer environ les 2/3 de l’estomac qui est réduit à un tube vertical ce qui limite les quantités ingérables en un repas. Il ne faut donc pas boire au moment du repas pour garder de la place pour manger (risque de carences) et boire régulièrement dans la journée (risque de déshydratation et de constipation). La partie de l’estomac contenant les cellules qui secrètent l’hormone stimulant l’appétit (ghréline) est retirée, ce qui entraine une disparition de la sensation de faim dans les premiers mois. Les patients doivent donc manger à heures régulières et en fractionnant les repas pour éviter les carences sévères. Cette chirurgie n’a aucune influence sur les « envies de manger » émotionnelles, souvent confondues avec la faim par les patients en situation d’obésité, et qui doivent être prises en charge avant la chirurgie bariatrique : en effet, la sleeve limite les quantités pouvant être prises en un temps donné mais n’empêchera pas de manger tout au long de la journée (risque de reprise du poids perdu). Cette technique ne perturbe pas l’absorption des aliments. Cependant, les carences sont fréquentes (vitamines B9, B12, fer, vitamine C, vitamine D, sélénium notamment) et justifient un bilan biologique annuel à vie associé à des supplémentations au cas par cas.

C’est actuellement la technique la plus réalisée en France : elle est proposée en 1ère intention compte-tenu du bénéfice-risque. Elle est à éviter en cas de hernie hiatale de plus de 2 cm (risque de RGO) ou en cas d’œsophagite sévère.

Le by-pass gastrique : technique restrictive et malabsorptive qui permet de diminuer à la fois la quantité d’aliments ingérés (la taille de l’estomac est réduite à une petite poche) et l’assimilation de ces aliments par l’organisme, grâce à un court-circuit d’une partie de l’estomac et de l’intestin (aucun organe n’est enlevé). Les aliments vont directement dans la partie moyenne de l’intestin grêle et sont donc assimilés en moindres quantités. Cette malabsorption entraine des carences nutritionnelles pouvant survenir longtemps après la chirurgie, justifiant des prises de vitamines et minéraux à vie (multivitamine + fer + vitamine B12 + calcium + vitamine D) et un suivi biologique complet annuel à vie. Attention, les risques d’échec (reprise du poids perdu) existent chez les patients sweet-eater (grignotages ou compulsions alimentaires régulières et importantes). D’autre part, la partie inférieure de l’estomac ne pourra plus être explorée par fibroscopie et il faut tenir compte de la malabsorption des médicaments oraux, pour les patients atteints de maladies chroniques et pour la contraception orale et de la nécessité d’éviter les AINS.

Après la sleeve, c’est la technique la plus réalisée en France.

L’anneau gastrique : technique restrictive qui diminue le volume de l’estomac et ralentit le passage des aliments (les aliments vont s’écouler très lentement selon le principe du sablier). Elle ne perturbe pas la digestion des aliments. Un anneau (dont le diamètre est modifiable) est placé autour de la partie supérieure de l’estomac, délimitant ainsi une petite poche. Peu d’aliments sont nécessaires pour remplir cette poche et la sensation de rassasiement apparaît rapidement avec le risque d’intolérances alimentaires (aliments fibreux et/ou secs), de blocages alimentaires douloureux (voire glissement de l’anneau) et de carences d’apport, lorsque le patient ne mastique pas, mange trop vite (tachyphagie) ou a des compulsions. Cette technique est dite « réversible » : les anneaux peuvent être desserrés ou retirés si besoin. L’anneau qui devient poreux au bout d’une dizaine d’année se desserre et ne réduit plus le passage des aliments entrainant des reprises de poids.

Actuellement, on pratique rarement la pose d’anneau gastrique en France alors que c’était la technique la plus pratiquée avant les recommandations HAS de 2009.

Autres chirurgies :

  • La dérivation biliopancréatique, rarement pratiquée, pourrait être indiquée pour les patients avec un IMC ≥ 50 kg/m² et/ou après échec d’une autre technique. Cependant, en cas d’échec d’une sleeve ou d’un by-pass, la priorité est de s’interroger sur les causes de la reprise de poids, probablement en lien avec un trouble du comportement alimentaire et sa fonction de régulation psycho-émotionnelle qui ne doit être pris en charge plutôt que d’enchainer les chirurgies bariatriques. Dans tous les cas, elle doit être pratiquée par une équipe spécialisée dans sa réalisation. (schéma dérivation bilio-pancréatique)
  • La chirurgie de Mason (ou gastroplastie verticale calibrée), n’est plus pratiquée : cette intervention consistait à remodeler la partie supérieure de l’estomac de manière à créer une petite poche supérieure avec un anneau (schéma Mason)
  • Le mini by-pass est une technique restrictive et malabsorptive, qui n’a pas encore été reconnue par la Haute Autorité de Santé et dont les résultats n’ont pas été évalués (ici le terme « mini » indique une section d’absorption encore plus petite qu’avec le by-pass : il s’agit donc d’une technique plus lourde que le by-pass).

Pour voir si votre patient est éligible à la chirurgie batriatique